}l*. 2S$: Z* IS?
Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from University of Toronto
https://archive.org/details/traitdelaveritde03abba
ri
TROISIEME PARTIE.
De la Divinité de j£ SU S-C H RI S T.
«Cinquième Edition s revue , corrigée & augmentée de cinq Chapitres» •
EINIER LEERS. M. DCCV.
de îZojfeignettrs Us Etats dt Uellanâs
& d( Vveft-Ir'tfei,
%
" •'I -
/
TRAITÉ'
DELA
DIVINITE
D E
NOTRE SEIGNEUR
JESUS-CHRIST'
Es véritez dfentielîes de î a Reli¬ gion font tellement enchaînées , quelles îdïemblent à cct égard aux principes de la Geometrie , dont les uns fervent comme de de¬ gré pour deicendre à la connoiiïance des autres.
Ainfi dans l’examen que nous avons fait des principales preuves qui ctabliffent les fondemens de nôtre Foi, la vérité de l’exiftence de Dieu ' nous avoit conduit à celle de la Religion natu-$ relie la vérité de la Religion naturelle à la con- jRoiflance de la Religion judaïque j & la ReJigîow Judaïque à la vérité de la Religion Chrétienne: 8c tout cela par une fuite de conféquences fi juftes * qu’il ne femble pas qu’on puiife les conte iter, fans renoncer à ce qu’il y a de plus pur dans la lumière naturelle*
Ce raport que les grandes vêritez ont entr’el- îes nous a conduit encore plus loin. Nous n’avons pli examiner avec quelque foin les fondemens qui êtabliffent la vérité de la Religion Chrétienne * * fans nous convaincre que ces memes principes Tome II L A
ÿ Trahi de la Divinité
êtablîffcnt îa Divinité de nôtre Seigneur J ssff.M Christ, d’une telle force que celui qui doute que Jésus- Christ (oit Dieu , le Dieu tics haut, doit douter de la vérité des oracles qui étabftlfcnt le Çhriftianifme ; 5c que celui qui s’affure que ces oracles font véritables, ne doute plus de la Divi¬ nité de nôtre Seigneur Jésus- Christ, Et c’eft ici le defl'ein général de ce Traité,
Mais pour le mieux comprendre, il faut faire une diftindion nés néccflaire dans ces matières. On peut confidérer la Divinité de Jesus-Christ comme un Myftere qui nous eft caché, ou comme une vérité qui nous a été révélée. Au premier égard c’cft un dogme incompréhenfible , & nous ne devons point tâcher de l’expliquer : mais nous devons faire voir qu’il eft inexplicable.
Toute la difèrence qu’il y a à cét égard entre îe peuple-^ les Codeurs , c’eft que leur ignorance étant égale, l’ignoraneedu peuple eft une igno¬ rance modefte 8c de bonne foi , qui ne rougit point de ne pas voir ce qu’il a plu à Dieu de lui cacher : au lieu que l’ignorance des Dodeurs eft une ignorance fuperbe 8c artificiel] fe, qui a recours . aux diftindions de l'école 8c aux fpeculations ab~ ftraites pour n’étre pas obligée de fe confondre * avec celle du peuple.
On n’entreprend point ici d’expliquer îe Mi¬ lle re, mais de prouver la vérité. On n’aura point recours à des fpeculations humaines , pour mon» trer comment la chofe eft : mais on montrera qu’elle eft effedi vendent par des preuves prifes de la révélation. Entant que c’eft une vérité révélée, elle eft clairement 8c diftindement contenue dans l’Ecriture.
Au refte, comme mon deffein eft de faire voir îa dépendance eflentielle qui eft entre la Divinité de Jisus-CüRi st, 5c la vérité de laReligion Chrétien-
Se fefits-Chrift f
ifc'ê en général, je m’attacherai principalement à faire voir, qu’il faut ou les fauver toutes deux, ou les faire périr toutes deux par un commun nau¬ frage : & dans cette vue je mefervirai d’une mé¬ thode qui pourra fembîer avoir quelque chofede nouveau & d’extraordinaire, niais qui peut-être convaincra î’efprit.
Car premièrement je montrerai > que fi Jésus- Christ rj’étok pas vrai Dieu d’une meme effcncc avec fon Pere, la Religion Mahometane feroit préfêrab’e à la Religion Chrétienne, 8c Jésus- ChR; st moindre que Mahomet. En fécond lieu je ferai voir , que fi J es us- Christ n’étoit pas le vrai Dieu dans ce fens , le Sanhédrin auroit fait un a due de juftice en le faifant mourir ; ou du moins que les Juifs auroient bienfait de s’en tenir à cette fen- tence , de rejetter la prédication des Apô res , lorfque ceux-ci leur ont prepofé de croire en ce Crucifié. On montrera pour un rroifiéme,que fi Je* sus-Çhrîst n’eft point le vrai Dieu, Jésus-Christ* êc les Apôtres nous ont engagé dans l’erreur, 8c que c’efl eux , & non pas nous, qui font coupa¬ bles de cette fédudHoi?. On fera voir en quatrième lieu , que fi Jésus- Christ n’eft point d’une même efience. avec fon Pere , il n’y a aucun accord entre le Vieux 8c le Nouveau Teftament, 8c que les Pro¬ phètes & les Apôtres ont été iofpirez par un efprie de contradi&ion 8c de menfonge. Enfin on mon¬ trera que fi Jesus-Christ n’eft pas le Dieu très haut, on ne peut difeerner la Religion de la fuperfü- don&de l’idoîâcrie ; qu’on la doit prendre pour une farce deftinée à tromper les hommes $ & mê¬ me (;ü l’on peut le dire fans biafnhême ) qu’il n’y a point apres cela afïez de cara&re dans la Reli¬ gion pour, la difeerner de la Magie. Ceft à quoi nous deftinons cinq Sedîons differentes qui parta¬ geront cét Ouvrage avecJa fixiéme & derniere ,
A ij qui
*4 Traite de la 'Divinité
qui eft deftinée à répondre aux objeâûons qffoï fait contre la Foi orthodoxe , & à chercher quel¬ ques voyes de fe fatisfaire fur les diffieukez, & fur ! les obfcuritez de ce grand Miftere,
Cependant il eft bon de donner ici au Ltfteut quelques avis qui nous paroiflent affez importuns, Le premier eft , que la Divinité de J esu s-Christ,
1J Incarnation # la Trinité , étaos trois objets que fon peut traiter avec quelque diftinétion 3 on ne fe propofe ici que d'établir la première , que loti regarde comme étant plus connue, Sc en quelque Xorte fondamentale à F égard des autres.
Le fécond eft, qqe l’on ne fera point de difficulté d'employer îe terme de Dieu fouverain en parlant de J esüs- Christ , quoique ce terme foit une ex- prdîion payenne , à îe prendre à la rigueur,# qu’il femble marquer quelque opofition entîe le Dieu fuprême & des Dîvinitez fubaîternes. Il (ufficque nous ôtions l’équivoque, en déclarant que nous entendons par là celui qui eft participant de cette effence & de cette Divinité gîorieufe &fouveraine à laquelle toutes chofes obèïflent.
Le troiftéme eft 3 que la breveté qu’on recher¬ che dans cét Ecrit n’ayant point permis de ranger les adverfaires de la doeftrine orthodoxe en plu¬ sieurs claffes differentes , & de combattre diftim» élément les Airiens , les demi Arriens , les Soci~ niens , on s’eft tellement réglé dans la conduite de cét Ouvrage, qu’ils fe trouvent piefque par tout combattus par les mêmes preuves.
Après cela, je fouhaite qu’on diftingue ici ce que je dis de la perfonne de nos adverfaires , d’a¬ vec ce que je dois dire de leur caufe, j’ai pour la première tous les fentimens d’amour & de compaf- Son que je dois à mes freres égarez, j’admire les grands & admirables taîens que Dieu a départis à quelques-uns d’entr’eux, Et quoi qu’ils faffenr
une I
àe ÿeftM-Chrîft* ’ÿ
ttiie violence manifefte à l’Ecriture , je ne vou- drois pas les accufer de parler contre leur fenti- ment , ni les juger indignes du charitable fuport qu’on a pour leurs perfonnes dans quelques Etats Protcftans.
A l’égard de leur caufe , on ne trouvera pas mauvais que je tâche de la faire paroître dans toute la difformité qui peut donner le plus d’hor¬ reur pour des fentimens que nous croyons incom - patibles avec Pefprit de la véritable Religion. C’eft mon devoir, & la fin de mon Miniftere. Je ne dois rien oublier de tout ce que je peux croire capable de faire revenir ceux qui font dans l’égarement , & d’en défendre les autres.
On ne prétend point au refie employer des hy¬ perboles & des déclamations pour faire un por¬ trait affreux d’une do£trine déguifée. On n’era- pîoyera que des preuves propofées d’une maniéré fimple , & on n’aura recours qu’à la fevéritéde la droite raifon , foit pour fe convaincre, foit pour convaincre les autres. Dieu veuille nous éclairer & nous diriger par fon Efprit, afin que cét Ou¬ vrage réüfiiflé à fa gloire & au falut éternel des âmes. Ain fi foit- il.
X. SEC-
Traité de la Divinité
l SECTION»
Où l’on fait voir que fi Jésus- Christ n’efl: pas vrai Dieu d’une même efifence avec fon Pere ^ la Religion Mahometane eft préférable à la Religion Chré¬ tienne j & Jésus-Christ moin¬ dre que Mahomet.
CHAPITRE I,
fi J esus*Ch r i st neft pas d'uni | même ejfence que fon Pere> le Chn~ \ ftianifme que nom profejfons* > eft la corruption de la Religion Chrétienne *
& que le Aiahometifme en eft le rétà* blijfement 9.
C’Eft un principe de la Religion naturelle pîti§ ancienne que toutes les autres Religions , qu’il y a un éloignement .infini entre le Créateur & la créature. Cela fait qu'on ne peut fans impiété abaiffer Dieu julqu’à la créature 5 Sc qu’on ne peur fans idolâtrie élever la créature jufqu'a Dieu» Si ' donc Jésus-Christ eft le Créateur y le Souve¬ rain, on ne peut dire fans impiété qu’il foit une flmple créature. Et fi Jésus- Christ n’eft qu’u¬ ne (impie créature 3 on ne peut fans idolâtrie le
recon-
da ÿefus-Chrift, "f
leconnoître pour le Dieu Souverain. De forte que fi nous nous trompons dans le fentiment que nous avons que Jésus- Christ efl d'une même effence que fon Pere , 8c qu'ü efl par conféquent le Dieu Souverain, ou ne voit pas que nous publions nous défendre d'être de véritables idolâtres , puifquc nous l'adorons dans cette qualité.
Il ne fervira de rien de dire ici pour nous dé¬ charger de ce crime, que nous croïons de bonne foi que J i s u s-C h R i s*t efl le Dieu Souverain $ qu'il y a véritablement de l'erreur. dans nôtre ef- prir , mais non pas de l’infidélité dans nôtre cœur, puis qu’au fonds ce n’ell qu'au Dieu Souverain que va nôtre adoration. On pourroit exeufer par la même raifon toutes les idolâtries paflees , pre- fentes 8c poffibles. Les Fayens qui adoroient leur Jupiter , croyoient de bonne foi qu’il étoit le Dieu fouverain; & dans leur intention leur cuire le ra- portoit à l'Etre Suprême. Cependant ils n'en étoient pas moins idolâtres pour cela.
Il ne faut pas non plus s'imaginer , qu’une créa¬ ture -pour être très excélente puiffe devenir l'ob¬ jet de l’adoration qui ne peut être rendue qu’au Dieu Souverain. Ceux qui adorent les A (1res ne font pas moins idolâtres que ceux qui adorent le bois 8c la pierre ; 8c ceux qui adoreraient les A ti¬ ges, ne le feroienc pas moins que ceux qui adorent les Ailes. Leûr idolâtrie feroit moins greffier^ mais elle ne feroit pas moins véritable, parce que l’idolâtrie ne con fille pas à rendre les honneurs divins à une créature baffe , mais Amplement à les rendre à une créature.
On nous dira , qu’il peut être quelquefois per¬ mis de rendre l'adoration à une créature qu'il plaît à Dieu de revêtir de fa gloire: comme il efl permis de faire des honneurs extraordinaires à un homme à qui le Roi ordonne qu'on les rende. A h
A iiij bonne
1 ti laiti de la Divinité
bonne heure , que cela foit , .pourvu qu’on nous a-cor de qu'il n’eft jamais permis d'adorer uns créature comme le Dieu fouverai.n; de même qu'il n’eft point permis d’honorer un.fujct.cn îe recon- noi fiant pour être le véritable Roy. Dieu en effet r/a pü , ni voulu fe décharger en faveur d’un autre de ce caradere incommunicable de fa gloire. ïi ne l’a pü : car il eft impoffible que Dieu feul foit le Dieu fouverain , 8c qu’un autre qui n’a pas (ou i effence le foit avec lui. Il ne i’a point voulu : car comment pourrpir-il vouloir une chofe qui étant contré la vérité, efl aufli contre fa nature ?
Supofczdo-nc tant qu’il vous plaira , que Jisus^ | Christ tient la place de Dieu > qu’il eft fon Am- bafladeur ;.■& que ce n’eft qu’en tant qu’il tient îâ \ place de Dieu qu’il eft un jufte objet de noire ado¬ ration : cela ne fait rien contre nôtre maxime , qui eft que Jésus- Christ n’étant point le Dieu fouvc- rain , ne peut être adoré comme Dieu fouverain , fans une manifefte idolâtrie. Ce fera nôtre pre¬ mier principe.
Le fécond eft , que l’idolâtrie efl un crime qui viole la Loy de Dieu , & qui anéantit l’efprit de la pieté. En effet ce crime eftopoféaux deux gran¬ des fins de la Religion. îla une opofition éviden¬ te à la gloire de Dieu , puis qu’il dépouille Dieu de fa gloire pour en revctir une créature. Il eftopo- fé à nôtre faîut, puifque le 5. Efprit déclare que les idolâtres ri hériteront jamais le Royaume des Cieux *
Il s’enfuit de ce s deux principes qiie îe Chriüia* nîfme que nous profeifons , efl la corruption de la Religion Chrétienne, & que le Mahometifme en eft le rétabîiffement. Car fi la Religion Chrétien¬ ne dans fa pureté ne reconnoîr Jésus- Christ que pour être unefimpîe créature, nous renverfons la Religion Chrétienne,,. lorfquc nous adorons J es us-
Chrisit
de ?efus-Chrift. 5>
Christ, comme étant effentiellcment !c Dieu fou¬ verain. Et A la Religion de ceux qui adorent Jé¬ sus-Christ comme l’Etre fouverain , eft la corru¬ ption du Chriftianifme, il s’enfuit que la Reli¬ gion Mahomecane qui met le Dieu fouverain in¬ finiment au deffus de Jesus~ Christ , en eft à cét egard le rétabliffement. m
On dira ici peut-être, que la Religion Chré¬ tienne eflentiellement n’eft pas une fcience de Am¬ ple conremplation , mais une connoiiïance pra¬ tique j & qu’elle confiée plutôt dans l’obcïflancc que dans des fpécuîations abftraites fur la Di¬ vinité. Je conviens du principe : mais je fou- tiens qu’on n’en peut faire d’aplication rai¬ sonnable au fujet dont il s’agit ici. Car peut-on traîner de Amples fpccuîations des principes A im- portans , que nous fommes idolâtres ou ne le fem¬ mes pas , félon qu’ils font faux ou véritables ? Si Jésus-Christ eft d’une mêmeeflence avec fonPere, ou ce qui revient à la même chofe, A Jésus- Christ eft le Dieu fouverain , il doit être adoré en cette qualité ; & nos adverfaires ne pourront alors fans impiété refufer de le reconnoître pour tel, & de l’honorer fous ce nom : & s’il ne l’eft point , nous ne pouvons fans idolâtrie le confondre avec le Dieu fouverain. Il s’agit ici d’éviter l’impiété ou l’idolâtrie : il s’agit par conféquent de queftions pratiques, qui font même d’une fouveraine im¬ portance.
C’eft donc en vain qu’Epifcopius fait fes efforts pour nous montrer que ce n’eft point une chofe eflentielle au falut : de fçavoir A Jésus* Christ eft Dieu par une génération éternelle, ou A n’étant qu’une Ample créature , il eft apellc Dieu à eau- fe de fon Miniftere. Car lors qu’il entreprend de faire voir que ces queftions ne font point fonda- giçgtales p en montrant que ceux qui croyent Je»
10 Traité de la "Divinité
sus-ChriSt une fi m pie créature, ou même un (im¬ pie homme , peuvent l’adorer fans être coupables d’idolâtrie $ parce qu’ils l’adorent non entant qu’il eft homme, mais entant qu’il tient la place de Dieu 5 il ne s’eft pas aperçu que fa preuve de¬ meurait imparfaite: parce que pour montrer que # ces queftions ne font pas eMentielles , il ne fuflit pas de faire voir que les Sociniens , fans être ido¬ lâtres, pêuvent adorer celui qu’ils croyent être un (impie homme par fa nature ; mais qu’il faut montrer encore, que nous pouvons fans idol⬠trie adorer] esüs-ChRist comme îeDieu fouverain, encore qu’il ne foit pas le Dieu fouverain.
Certainement (I ce que nous croyons de la cou- fubftantiaîicé, & de la génération éternelle du Fils de Dieu nous engage dans l’idolâtrie , rien ne peut être plus eflentiel ni plus fondamental que ces queftions qui regardent cette génération & cette confubftantiaîké. Or il eft certain que nôtre do¬ ctrine fur ce fujet nous engage dans l’idolâtrie , s’il eft vrai que nous foyons dans l’erreur. Car fi J e - sus- Christ n’eft pas d’une même eifence avec fou Pere,ii n’eft pas le Dieu & le Créateur de toutes chofes. Et fi cela eft encore, nous ne pouvons le mettre furie trône de l’Etre fouverain fans uneraa- nifefte idolâtrie $ & même il ne nous refte plus d’exeufe pour diminuer l’horreur de cette fuperfti- tion.
Car fi nous difons pour nôtre juftifîcation , qué nous l’adorons comme l’Etre fouverain, parce que nous le croyons de bonne foi l’Etre fouverain : les Payens, comme nous l’avons déjà remarqué puri¬ fieront le culte qu’ils rendent à leur Jupiter, cîî difant qu’ils ne l’adorent comme le vrai Dieu , que parce qu’ils croyent de bonne foi qu’il eft le vrai Dieu.
Si nous djifons que nous ne fommes point cou¬ pables
1
eJ
de fefus- Çhrlft. il
jpables d’adorer Jésus- Christ comme IcDîeu fou** verain ; parce qu encore qu’il ne foie point en ef¬ fet le Dieu fouverain , il mérite pourtant nôtre adoration , nous ne faifons que changer Tétât de la queftion. Car il ne s’agit pas ici de fçavoir , fi Jésus- Christ mérite nôtre adoration : mais il s’agit de fçavoir fï nous pouvons Tadorer comme le Dieu fouverain , lorsqu’il n’eft pas le Dieu fou¬ verain en effet.
Si nous difons qu’il ne faut recormoître pour effentiel & pour véritablement néceffaire au fa Int , que les chofes qui d’un côté font très clairement contenues dans l’Ecriture, & qui de l’autre nous font commandées , ou défendues fous peine de la perte du faîtit éternel ,* cela même fert à nous con¬ damner. Car qu’y a-t-il de plus ; formellement contenu dans i’Ectiture , que le précepte de ne pas attribuera un autre la gloire du Dieu fouve- xain ? Et qu’y a* t-iî qui foie défendu fous des pei¬ nes plus rigoureufes que l’idolâtrie , qui met la créature en la place du Créateur.
S’il nous vient dans la penféc, que le Dieu fou- Verain ne condamnera point nôtre culte, parce qu’il s’attribue tous les honneurs qu’on rend à fon Fils, on nous redreffera en nous difant, que (i Jésus-Christ efl une créature, il ne peut être ap¬ pelle le Fils de Dieu que dans un fens ihipropre St éloigné -, St que quoiqu’il en foit , s’il'eft une limpîe créature , la différence qui efl entre lui St le Dieu fouverain , efl plus grande que celle qui peut fe trouver entre une créature & une créature, quelle que foit la difproportion qui efl entr’elîes : 8c qu'ainû fi une créature excélente trouve mau¬ vais! avecraifon , qu’on tranfporte à une créature bafîe les hommages qui lui font dus , Dieu trou¬ vera plus mauvais encore qu’on rende à Jésus* Ç H R i s t le culte qui n’eft du qu’à lui feui.
A vj Ob
t% Traite de la Divinité ^
On dit que Jesus-Christ reprefentele Dieu fou4 verain. Oiii, mais peur reprefenter îe Dieu [ou-*1 verain , il n’efl pas le Dieu fouverain. Il eil k Fils de Dieu. Oiii, mais il ne porte ce titre que dans un fens impropre & figuré, qui n’empêche pas qu’il n’y ait un plus grand éloignement entre lui & le Dieu fouverain, qu’entre le plus.fale des infeéles & le plus glorieux des Anges. De forte que quand il feroit permis de revêtir la plus baffe des créatures, des titres & delà gloire qui apar» tiennent à la plus noble, il ne feroit jamais per¬ mis de rendre à Jesus-Christ les hommages qui &e font dus qu’au Dieu fouverain,
CHAPITRE il
Ou Von montre que fi Je/hs- Chrifi n e fi d'une même ejfience avec fion F ere > on ne peut fie difip enfer de regarder AI dhomet comme un homme divin.
F À Infï il nous paroît que la Religion Mahomet ,
Ltane eh du moins à quelque egard le rétabîif- fementde la Religion Chrétienne , s’il efl vrai que Jesus-Christ ne foit pas d’une même effenceavec le Dieu fouverain. Mais parce qu’on pouroit dire % que cette Religion eft d'ailleurs pleine de fixions èc d’impoflure , nous demanderions volontiers , comment on conçoit* que la vérité 8c l’erreur ayens ici une fi étroite alliance. Mahomet eft un impo¬ li eu r. Tout îe monde îe reconnoîc parmi nous. Mahomet a aboli l’idolâtrie. C’efl ce qu’il faudra fupofer. Voilà raffortiment de deux caraêleres bien opofez, Si Mahomet a defabufé le monde fur le fujet de l’idolâtrie Chrétienne, ( car c’eft ainfî sjuc j’apellc le culte que les Chrétiens rendent à
de fefus-Chrîfl;. xf
Jesus-Christ, fi celui-ci n’eft pas l’Etre fuprcmcj par quel el'pric a-t-il fait un fi grand ouvrage j par i’Efprit de Dieu , ou par l’efprit du démon ? Si c’eft par Tefpricdu démon, comment a-t-il abo¬ li l’idolâtrie? Si c’eft par l’Efprit de Dieu*com-J ment eft-il un impofteur?
On dira peut- être , que Mahomet a condamné le culte des Idoles Païennes , 8c qu’ainfî on pour¬ voit faire la même queftion fur ce dernier article» Mais il y a de la différence entre des principes que Mahomet fupofe, & des principes que Ma¬ homet a établis. Mahomet fupofe la con- noiffancc du vrai Dieu 8c la riiine de l’idolâtrie Païenne. Ce n’eft point lui, mais Jesus-Christ, v qui a produit ces deux effets dansîe monde. Oa connoiffoit par tout le vrai Dieu pîufieurs fiécks avant lui , & l’idolâtrie Païenne étoit entiere.- ment abolie. Ceft-là un effet de fa prédication des Apôtres. Et Mahomet , de quelque efprk d’impofture qu’on le conçoive animé, n’aura oGB ni pli établir une Religion directement opofée à ces deux principes.
Mais il n’en eft pas de même de la véritable eounoiffince de Jesus-Christ, & de la ruine de l’idolâtrie Chrétienne. C’eft Mahomet qujaerw feigne aux hommes que les Chrétiens croient de$ Idolâtres en adorant Jesus-Christ comme le Dieu fouverain. Il ne s’eft rien propofe de plus effen- tiel, que de ramener de leur égarement des hom¬ mes, qui fous le nom de la Trinité fervoient en effet, pîufieurs Dieux. Car c’eft ainfi qu’il parle dans fon Alcoran Jesus-Christ & les Apôtres au¬ ront donc été les Réformateurs du monde Païen , en détraifant par leur prédication l’idolâtrie Païenne. Mais Mahomet doit être confiderc com¬ me le Réformateur du monde Chrétien , s’il eft vrai qu’il ait détruit cette idolâtrie Chrétienne.
Comme
$4 Traité de la Divinité
Comme donc onferoit infiniment IurprisftFe« Apôtres avoienc détruir l’idolâtrie Payenne en prê¬ chant des fables : nous aurions lieu d’être (ur- pris que Mahomet eût aboli l'idolâtrie Chré¬ tienne par des impoftures.
En effet Jssus- Christ déclare dans fon Evangile, qu’on reconnoît les Docteurs à leurs fruits. Et cette maxime ne peut manquer d’être véritable, puifque c’eft la vérité meme qui nous Penfeigne. A juger des choies par ce principe , nous ne pou¬ vons qu’avoir une très haute opinion de Maho¬ met , & le reconnoître même pour un grand Pro¬ phète , s’il cft vrai qu’il ait enfeigné aux hom¬ mes à ne pas confondre le Dieu fouverain avec une créature. II a éclairé pîufieurs nations 8c pîu- lieurs fiécîes. lia mis Dieu fur le trône de Dieu, 8c la créature dans le rang de la créature. Qu’y a- t-il de plus légitime & de plus faint qu’un tel def- fein ? Qu’y a-t-il de plus noble 8c de plus grand qu’un tel ouvrage ?
Certainement fi Mahomet a éclairé l’Univers en diffipant les ténèbres de cette profonde fuper- flition , on auroit tort de lui coutelier tous les ti¬ tres que les Mufuîmans lui donnent 8c l’on peut dire hardiment , qu'il doit être confideré comme Un Doêleur de vérité , comme un Prophète , com¬ me plus grand que les Prophetesde la Loi, com¬ me plus grand Prophcteq.ue J esus Christ lui-mê¬ me. Ce font là des paradoxes étranges 8c choquant Ce feront néanmoins des véritez certaines 8c évi¬ dentes, fi j. Christ n’eft point le Dieu Souverain.1
Je dis que c’eft un Docteur de vérité. On n’ea peut douter, puisqu'il enfeigne aux hommes des vérîcez fi effentieîles* Ce premier élément de la Religion , celui qui eft une fimpîe créature par fa nature, ne doit pas être adoré comme le Dieu Souverain, eft le fondement de la Religion natu¬ relle
de feftis-Chrift jf
îeîlc diftinguée de la fuperftition , le fondement de la Religion Judaïque diftinguce de l’idolâtrie Paycnne, & le fondement delà Religion Chrc- tienneconfidérée dans fa pureté. Mahomet qui a établi (à Religion fur ce grand principe, n’eü donc pas feulement un Dodeur de vérité , mais en«* core un Dodeur qui femble rétablir toutes les vê¬ tirez j du moins toutes les véritez les plus effentiel™ les & les plus importantes à la Religion.
Mais, dira-t-on , onnefçauroit nier du moins que Mahomet ne tende à datez les pallions humai¬ nes , & qu’il ne foie plutôt le Docteur de la chair que celui de l'eXprit. Si cela eft ainfi , on s’éton¬ nera avec raifon , que tant de vérité fe trouve join¬ te avec tant d’impureté 5c de vices. Car nous fça- vons qu’il n’y a point de communion entre la lu¬ mière & les ténèbres , & qu’ainiï (i Mahomet n’a pas agi par l’Efprit de D:eu, il a agi par l’efprit du monde 5 ou que s’il n’a point agi par refprit dis monde, il a agi par i’Efprit de Dieu. Là- de fi iis nous cherchons en lui les caraderes de l’un ou de l’autre de ces deux efprits. On nous dit que Maho¬ met eft fmpur dans fa Morale & dans fes maximes. Ce caradere eft celui de l’efprit du monde; mais il eft contefté. Il nous pardîc que Mahomet a ré¬ formé !a Religion en aboîiffant l’idolâtrie Chré¬ tienne, & faifant adorer par tout un feul Dieu. C’eft ici un caradere de Jp^nt de Dieu,& le fait: eft inconteftable. Il eft plus fur à nôtre égard que Mahomet a le caradere de l’Efprit de Dîeu,qull ne l’eft qu’il a les caraderes de l’efprit du monde.
Si Mahomet eft un impofteur , dites- nous com¬ ment un impofteur fait profperer le bonplaifir de Dieu, détruit l’idolâtrie, éclake l’Univers. Dieu a-t-il revêtu un impofteur du plus grand caradere de fes Prophètes , & du caradere de fon propre fils 1 Car les Prophètes qui ont annonce la venue
-kg' Traité de la Divinité
du Meffie , ont prédit aufïi comme un caractère c fa venue, qu’il détruiroit l'idolâtrie B Dieu a-t- fait d'un impofteur l’inflrumcnt de fa mifericord & le miniftre de fa gloire ? Que croirions- nous d la Providence 3 fi elle eût choifi pour fes Evange liftes des démons qui euflent paru fous une form .humaine, & qui euffent prêché l’Evangile ? On au loit crû , ou que Dieu vouloir faire détefter l’E» vangiIc*tout divin qu’il eft, en le mettant dam îa bouche du démon y ou que Dieu vouloit confa* srer le démon noncbftant fa malice , en le r en dan s le dépofitaire de l’Evangile. Cette comparaifon pour être oaieufe, n’en eft que plus propre à faire eonnoître la vérité. Car ce que nous difons du dé¬ mon , nous pouvons le dire des fédu&eurs qui font | fes miniftres, nous pouvons le dire fur le fujet de Mahomet. Que fi cét homme étant un impofteur* I a été choifi parla Providence pour rétablir la vé- iitableReligion5ilfaut que îa Providenceait vou¬ lu , ou rendre îa Religion infâme en la fai faut ré¬ tablir par unimpofteur , ou confacrer l’impofture i en la choififlant pour rétablir la Religion :& Tua l’autre eft également impie & extravagant.
CHAPITRE III.
'Oh Von fait voir qtiefi Jefm-Chrift nefipOS d' me meme eJJeÊË&avecJon P ere> Aîaho- met efi un grand Prophète y le plus grand des Prophètes y & même plus préférable en tontes maniérés à Jefus-Chrift.
F ••
MAis allons plus loin , & difons que félon cet¬ te fupofition , Mahomet peut-être regardé - non-feulement comme un Prophète, mais comme plus grand que tous les Prophètes de l’Ancien Tc-
ftamoit*
de fefas-Chrift. *if
ftament. Les Prophètes anciens ne parloïent qu’au feul peuple d’Ifraël: Mais Mahomet a parle à la plus belle & plus confidérabie partie de l'Univers- ! Les Prophètes fe fuçcedoienc les uns aux autres® parce qu’un feul ne vivoit pas allez long- temps pour inftruire les hommes de difFerens hécles. Mahomet n’a point befoin de compagnon ni de fuccefTeur pour bannir pour toujours l’idolâtrie des païs ou fa dotlrine a été reçue Les anciens Pro¬ phètes ont etc fufeitez extraordinairement pour détruire la fuperdition & l’idolâtrie , en fai faut divers miracles. Mahomet a ruiné fans miracle une idolâtrie répandue dans tout l’Univers. Enfin hMoïfeaété honoré du titre glorieux d’ami de Dieu , parce que Dieu lui révéloitfa volonté fans obfcurité 3c fans énigme : Il faut eftimer encore da- vanrage le privilège de Mahomet , qui n’aura pas feulement connu la volonté de Dieu , mais qui l'aura très diftin&cment fait connoître. Moïfe n’a point connuDieu te! qu’il étoit. Jésus- Christ feul êc l’a connu , & fa fait connoître. Mais fi les prin¬ cipes de nos adverfaires font vrais, Mahomet i’a encore mieux fait connoître que n’a fait J e s u s- Christ* Et ceci nous conduit infenfïbîement à montrer que dans leurs hypothefes Mahomet doit être regardé comme un plus grand Prophète que Je sus- Chris t.
C’eft dequoi il faudra demeurer d’accord, fort que vous confidériez fa dodlrine, foit que vous re¬ gardiez le fuccez de fon Miniftere. Si vous confi- dérez le fuccez de fa do&rine , la chofe parle. Jé¬ sus Christ a fait recevoir fon Evangile dans tout l’Univers. Mais a peine a- t-il détruit une efpecedc fuperftition , que les hommes retombent dans une autre qui n’eft pas moins dangereufe, 8c ils ne font pas. plutôt délivrez de l’idolâtrie Païenne , qu’ils tombent dans l’idolâtrie Chrétienne. Mahomet a
établi
tt Traité de la Divinité
établi fa Religion fur des fendemens plus fermesi & il a pris des mefures plus juftes pour empêcher jue l'idolâtrie ne renaquit apres avoir été détrui¬ te j puiique nous voyons que depuis que fa Reli¬ gion fubfîile, fes difctples n’ont aucun penchant à cette efpece de (uperhition.
Il ne faut pas s'en étonner. Le defavantage que Jésus-Christ a dans cette comparaifon , vient , fi le principe de nos adverfaires eh véritable , de ce j que ia dodlrine de Mahomet- a un cara&ere natu- ! rel qui eh plus opofc à l’idolâtrie , que nV.ft celle I de Jésus- Christ. Que Ton confid'ére bien" le langa- ge de Jésus- Christ j foit lors qu/il parle par lai* | même , foit lors qu’il parle par le minifteie: de fes di fciples $■& qu'on le compare avec le langage de Mahomet , Sc l’on en fera perfuadé» a ' J esus- Christ parlant par lui- même , ou par fes
^Uiâ g ^cr viteurs,vou's dira ^uii a été fait avant Jean Ba- ptifte j quil étoil avant qti 'Abraham fut , quil a en- j , A fa gloire par devers f on Pere avant la naijfancedtf j
s?" * monde j quil eft /’ Alpha & lr Oméga ^le commence** Jean i. ment & la fin fie premier & le dernier \ quil éîoit au j commencement $qu il étoit avecDieuh-qu.il étoitDiem que toutes chofes ont été faites par lui ; que fans lui rien de ce qui a été fait n a été fait ; que- les fiécles Bebri ont été faits par lui ? que toutes chofes on t été créées par lui y tant celles qui font au Ciel , que celles qui font en la terre , les chef esjjifïhles &les choft es invifi - . blés , foit les trônes y foit les dominations 9 foit les principautés y foit tes puijfances > que toutes chofes ont été faites par lui & pour lui v qud e fl avant toutes chofes , & que toutes chofes fubft fient par lui » Cor. Il v ous dira , qu il f a un feul Seigneur qui e fl Jésus- Christ, par lequel font toutes chofes y & "'nous par l * lut 5 que ce fl Lui qui a fondé la terre , çÿ que tes C ieux font les œuvres de fes mains.
Il fe nomme h Fils de Dieu, le P ils unique de
Dieu .
de Jefas-Chrifî. I>
Dieu > le propre Fils de Dieu , FVnique iffu du Eerey Emanuel,c eft» à- dire, Dieu avec nous , Dieumani - fefié en chair y Dieu mortifié en chair y &ju(lifié en efprit , Seigneur <& le Dieu : quelquefois/*? Sau~ veur & grand Dieu , le Dieu & le Sauveur de toute la terre , f Eternel nôtre juftice .
Mais afin que nous ne doutions point du fenâ dans lequel toutes ces expreflions conviennent à Jésus-Christ 3 il eft infiniment remarquable que parlant par lui- même , ou par fes fervitears , qu’il a inftruiis & remplis de fon -Efprit , il s’a pi [que à lui-même les oracles des Prophètes qui foin men¬ tion du Dieu Souverain, 8c qui contiennent les cara&eres de fa gloire la plus propre 8c la plus in¬ communicable. Il avoir etc dit au Livre des Chroniques , que Dieu fettl connoîtles cœurs des fils des hommes . Jésus- Christ s’attribue ce titre glo¬ rieux comme un titre qui doit lui attirer la crain¬ te 8c l’admiration des hommes. Et toutes les Egli - jtpûC* fes ff auront, dit-il dans î'Apocalypfe, que je fuis le 2/2.3, ferutateur des reins & des cœurs ÿ &je rendrai a chacun félon fes œuvres. Il a été dit danslaLoy,
Tu adoreras le Seigneur ton Dieu y & tuferviras à lui feul , fuivant l’expofition qu'en donne Jésus- CHR$ST;Et l’Auteur de i’Epître aux Hebreux nous aprend , que Dieu dit en introduifant fon Fils pre¬ mier né au monde , 6)uetous les Anges l'adorent.
Il a été dit du Mdliepar un Prophète : L'efprit du Efaïè Seigneur efi fur moi . Car le Seigneur ma oint : il tri a envoyé pour porter de bonnes nouvelles aux af¬ fligez y pour guérir les defolez de cœur , & pour pn~ b lier aux prif onniers leur délivrance y l'ouverture d& leur prifon , 8cc. Je fuis le Seigneur l'Eternel , ai- mant jugement y&haiffant l'injufiieepour l'holocau - fie. J'établirai leur œuvre en vérité y&je traiterai avec eux une alliance éternelle, Jésus- Christ s’a- pli que cét oracle en Ss Luc* chap. 4. 18. lorsqu’il
& o Traite de la Divinité
dit aux Juifs , Aujourd'hui cette Ecriture efl accoffl* flie , &c. Les Prophètes a voient parlé d'une voix qui crieroit au defert , Préparez le chemin du Sei¬ gneur , faites droits fes [entiers* Et Efaïe prévoyant ce temps-!à , exhorte Sion à annoncer bonnes nou¬ velles , à élever fa voix avec force, & a dire aux vil¬ les defuda , Voici tonDieu ; ajoütant immédiate** ment apres. Voici le Seigneur viendra avec for ce 3<& fon bras aura domination , &c 11 paîtra [on troupeau comme le berger. Il affemblera de fes buts les agneaux & les portera en fonfein , &c. Et puis : Qui e fi celui qui a mefuré les eaux avec le creux de fa main , & quia compaffé les deux avec fa paume ; quia pris la poudre de la terre avec trois doigts > quiapefe au crochet les coteaux , les montagnes à la halence ! qui efi celui qui a adreffél* éj prit du Seigneur \ ou qui a été fon Confeiller? &c. Voictles nations font com~ me une goutte d’eau,& font e (limées comme un grain en la balance. Il jette au loin les ifles comme de la poudre menue, &c.Ce font» là fans difficulté lesca- raderes de l’Etre Souverain : & cependant l’Evan¬ gile en fait Implication à Jésus Christ 5 puifque jean Baptifte efi cette voix qui crie au defert; ou quec’eft devant Jésus» Christ que JeanBaptifte a préparé le chemin , & que peu après on a entendu les MefTagers de paix dire aux villes de Juda , Voi¬ ci ton Sauveur qui vient. Voici voire Dieu. Dieu avoir dit par la bouche du Prophète Efaïe 5 Dites aux troublez de cœur , Soyez confolez,érne craignez plus , Voici votre Dieu viendra prenant vengeance : Dieu viendra donnant rétribution il vous fauve- va. Alors les yeux des aveugles feront ouverts, les oreilles des four d s feront débouchées. Alors faute¬ ra le boiteux comme le cerf, &la langue des muets chantera , &c. Lifez le Chap. II. de S. Matthieu , & vous venez que Jesus-Chrtst fe fait vifible- fnent implication de cét oracle dans la réponfe
de Jefm-Chrifi. il
Faïc aux difcipies de Jean. Il fe déclare donc pour le Dieu des îfraëlites, le Dieu qui doit les eonfoler $ & aufli le Dieu de rétribution & de ven¬ geance, le Dieu de leur falut j qui font tous des titres que le Dieu fouverain a acoütumé de pren¬ dre dans les anciens oracles. Il avoit été dit à Pieu parla bouche du Pfalmifte : Tu as au com- mencement fondé laTerrei& les deux font C ouvra- 10 li ge de tes mains. Ils périront; maïs tu fer as permanent .
Ils vieilliront tous comme un vêtement', tu les change - ras comme le vêtement , & ils feront changez : maïs toi y tu ês toujours le même y & tes ans ne pren¬ dront jamais de fin . On ne peut nier que toutes ces chofes ne fofent dites au Dieu fouvcrain 8c du Dieu Souverain , auffi bien que le commencement: du Cantique qui commence ainfi ; Seigneur , oy mon ora'tfon , & que mon cri parvienne jufqu à toi %
U ces exprc fiions qui en font la fuite : Tu te lève¬ ras , & auras compajfion de S ion , 8cc . Alors les na ■* fions redouteront le nom du Seigneur,& tous les Rois de la terre ta gloire ; quand le Seigneur aura réédifié Sion y & fera aparu en fa gloire : D autant qu il a> ' regardé defon faint lieu qui efi là haut y & que le Seigneur a contemplé du Ciel en la Terre. Il eft très évident qu'il s’agit là du Dieu Souverain, 8c plus c vident.encore , que cét oracle eft ap!iquc à J esus- Christ au Chap- I. de l'Epure aux Hebreux.Ceft au Dieu Souverain que le Pfalmifte s’adrefle , lors qu’aprés avoir dit , La chevalerie de Dieu efi de Pfeatu vingt mille, & de milliers d* Anges. Le Seigneur efi 6<èm, entr eux au Sanftuaire, corttmeen Sina.Tu ês monté en lieu haut. Tuas pris des dons entre les hommes ,&c.
Dieu f oit bénit y lequel tous les j ours nous charge de fes biens : Et c efi ici le Dieu de notre falut : Sdab. C’efl ici le Dieu Souverain, le Pere de nôtre Seigneur Je* sus- Christ, qui a des légions d' Anges en fadifpo- iition, cpmmc Jésus-Christ le dit lui-même 5 c'eft
%% Trahi de la Divinité